Constructeur en liquidation : comment récupérer vos garanties légales ?

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Le 28 septembre 2025
Constructeur en liquidation : comment récupérer vos garanties légales ?
Constructeur en liquidation : découvrez comment récupérer vos garanties légales. Délais, déclarations et recours pour protéger vos droits

Chaque année, des milliers de particuliers voient leur projet immobilier tourner au cauchemar quand leur constructeur dépose le bilan. Face à cette situation dramatique, beaucoup pensent avoir tout perdu. Pourtant, des garanties légales obligatoires vous protègent même en cas de liquidation judiciaire. Le cabinet Ope & Consilio, basé à Aix-en-Provence, accompagne régulièrement des clients confrontés à cette épreuve.

  • Délais impératifs : déclarez votre créance dans les 2 mois après publication au BODACC (4 mois si vous résidez hors de France métropolitaine) sous peine de forclusion définitive
  • Garantie de livraison : activable dès 30 jours de retard ou non-réalisation des réserves, avec prise en charge des dépassements au-delà de 5% du prix initial
  • Action directe contre l'assureur décennal : possible même sans déclaration de créance préalable (arrêt Cass. Com., 18 juin 2013, n° 12-19.709)
  • Assurance dommages-ouvrage : déclaration obligatoire dans les 5 jours ouvrés suivant la découverte des désordres pour bénéficier de l'indemnisation rapide

Vos garanties restent actives malgré la défaillance du constructeur

La liquidation judiciaire de votre constructeur ne signifie pas la fin de vos recours. Contrairement aux idées reçues, les garanties souscrites dans le cadre d'un CCMI (Contrat de Construction de Maison Individuelle) ou d'une VEFA (Vente en l'État Futur d'Achèvement) continuent de vous protéger.

Ces mécanismes de protection ont été spécifiquement conçus pour faire face à la cessation des paiements d'un professionnel du bâtiment. Votre priorité absolue consiste à identifier rapidement les garanties applicables à votre situation et à respecter les délais stricts imposés par la procédure collective.

La garantie de livraison : votre première ligne de défense

Dès la signature de votre CCMI, vous bénéficiez automatiquement d'une garantie de livraison. Cette protection obligatoire vous couvre contre l'inexécution des travaux par le constructeur défaillant. Pour l'activer, vous devez impérativement vérifier l'attestation de garantie annexée à votre contrat.

La procédure démarre par l'envoi d'une mise en demeure au constructeur par lettre recommandée avec accusé de réception. Si aucune réponse n'intervient dans les 15 jours, le garant prend le relais. Notez que cette garantie peut être activée dès le constat de retard de livraison excédant 30 jours ou de non-réalisation des travaux de réserves, sans attendre l'impossibilité totale d'achèvement. Il désignera une entreprise de remplacement pour achever vos travaux selon les conditions contractuelles initiales.

Cette garantie présente plusieurs avantages majeurs :

  • Prise en charge des dépassements de coûts nécessaires à l'achèvement (franchise maximale limitée à 5% du prix convenu au contrat initial, avec prise en charge totale des dépassements au-delà de ce seuil)
  • Couverture des pénalités forfaitaires pour retard excédant 30 jours calendaires (calculées selon le barème contractuel prévu au CCMI)
  • Maintien du prix initial malgré l'intervention d'un nouveau constructeur

Exemple pratique : Monsieur Dubois avait signé un CCMI de 280 000 € pour une maison de 120 m² à Venelles. Son constructeur a déposé le bilan alors que 60% des travaux étaient réalisés. La garantie de livraison a pris en charge l'achèvement des travaux par une nouvelle entreprise pour un coût total de 145 000 €. Monsieur Dubois n'a dû supporter que 14 000 € de franchise (5% du prix initial), le garant prenant en charge les 23 000 € de dépassement supplémentaire.

La garantie de remboursement en cas d'impossibilité totale

Parfois, l'achèvement des travaux s'avère techniquement ou économiquement impossible. Dans cette hypothèse, la garantie de remboursement prend le relais. Elle vous permet de récupérer l'intégralité des sommes versées au constructeur défaillant, déduction faite des éventuelles pénalités de retard déjà perçues.

Pour obtenir cette indemnisation, vous devez adresser votre réclamation directement à l'organisme de cautionnement. Ce dernier analysera la situation et, après validation de l'impossibilité d'achèvement, procédera au remboursement selon les modalités prévues au contrat.

À noter : Le garant dispose généralement d'un délai de 90 jours pour instruire votre dossier et valider l'impossibilité d'achèvement. Durant cette période, conservez précieusement tous les échanges avec le constructeur défaillant et documentez l'état d'avancement réel du chantier (photos datées, constat d'huissier si possible).

Déclaration de créances : respectez impérativement le délai de 2 mois

L'ouverture d'une liquidation judiciaire déclenche une course contre la montre. Vous disposez de 2 mois seulement après la publication du jugement au BODACC (Bulletin Officiel des Annonces Civiles et Commerciales) pour déclarer votre créance au mandataire judiciaire (ce délai est porté à 4 mois pour les créanciers domiciliés hors de France métropolitaine).

Cette déclaration s'effectue obligatoirement via le formulaire Cerfa n°10021*01, accompagné de tous les justificatifs nécessaires : contrat, factures, correspondances, preuves de paiement. La déclaration doit inclure le montant exact, les sûretés attachées, les justificatifs probants, le mode de calcul des intérêts et la date d'exigibilité de chaque créance. N'oubliez pas d'inclure les créances conditionnelles ou futures (sous forme d'estimation provisoire, sans possibilité d'augmentation ultérieure du montant), comme les dommages-intérêts pour retard ou les frais supplémentaires engagés.

La forclusion sanctionne impitoyablement tout retard. Passé ce délai, vous perdez définitivement votre qualité de créancier dans la procédure. Heureusement, cette règle stricte connaît une exception notable : selon un arrêt de la Cour de cassation (Cass. Com., 18 juin 2013, n° 12-19.709), l'action directe contre l'assureur décennal reste possible même sans déclaration préalable.

Les pouvoirs du liquidateur judiciaire sur votre contrat

Le syndic ou mandataire judiciaire dispose de prérogatives importantes concernant les contrats en cours. Il peut décider de poursuivre l'exécution du contrat si le passif et l'actif de l'entreprise le permettent, ou au contraire y mettre fin.

En l'absence de décision expresse du liquidateur, vous devez saisir le juge-commissaire du tribunal de commerce pour obtenir la résiliation judiciaire. La loi prévoit toutefois trois cas de résiliation automatique définis par l'article L.641-11-1 III du Code de commerce : les contrats intuitu personae, les contrats à durée déterminée arrivés à échéance, et ceux nécessitant un échelonnement dans le temps sans fonds disponibles.

Les garanties décennales et biennales survivent à la liquidation

La disparition juridique du constructeur n'affecte pas vos droits à réparation pour les malfaçons découvertes après réception. La garantie décennale continue de couvrir les désordres affectant la solidité de l'ouvrage ou le rendant impropre à sa destination pendant 10 ans.

Pour les désordres moins graves, la garantie biennale de parfait achèvement reste également applicable. Ces protections s'exercent directement contre l'assurance décennale du constructeur, sans passer par la procédure collective.

Comment retrouver l'assureur du constructeur liquidé ?

Les coordonnées de l'assureur figurent généralement sur les factures du constructeur. À défaut, le mandataire judiciaire détient obligatoirement cette information dans les documents comptables du débiteur. N'hésitez pas à le solliciter par écrit pour obtenir ces renseignements essentiels.

Une fois l'assureur identifié, déclarez rapidement le sinistre en joignant un dossier technique complet. Faites constater les désordres par un expert indépendant pour étayer solidement votre réclamation. Cette expertise préalable évitera les contestations sur la nature et l'ampleur des dommages.

Conseil pratique : Pour faciliter vos démarches, constituez dès maintenant un dossier complet comprenant : l'attestation d'assurance du constructeur (remise obligatoirement à la signature du contrat), le PV de réception avec réserves éventuelles, toutes les mises en demeure adressées au constructeur, et les photos horodatées des désordres constatés. Cette organisation préalable vous fera gagner un temps précieux en cas de sinistre.

Les recours spécifiques selon votre situation

Si vous avez souscrit une assurance dommages-ouvrage, activez-la immédiatement. Cette garantie permet une indemnisation rapide, à condition de déclarer le sinistre dans les 5 jours ouvrés suivant la découverte des désordres, sans attendre l'issue de la procédure collective.

En cas de liquidation de l'assureur lui-même, le Fonds de Garantie des Assurances Obligatoires de Dommages (FGAO) peut intervenir. Cette protection ultime nécessite toutefois de constituer un dossier particulièrement rigoureux, avec mise en cause préalable du liquidateur de l'assureur défaillant. Attention : le FGAO n'intervient que pour les sinistres survenant après le retrait d'agrément de l'assureur décennal défaillant, et non pour les sinistres antérieurs.

Pour les situations complexes impliquant une caution bancaire ou un privilège de prêteur de deniers, l'accompagnement d'un professionnel du droit devient indispensable. Les interactions entre les différentes garanties et la hiérarchie des créanciers dans le cadre d'un redressement judiciaire ou d'une liquidation nécessitent une expertise pointue.

Face à la liquidation de votre constructeur, la réactivité et la rigueur déterminent largement vos chances de récupération. Le cabinet Ope & Consilio, fort de son expertise en droit immobilier et en procédures collectives, accompagne les particuliers confrontés à ces situations délicates. Nos avocats spécialisés en droit de la construction et procédures collectives basés à Aix-en-Provence analysent vos garanties, respectent les délais procéduraux et défendent vos intérêts face aux assureurs et organismes de cautionnement. Si vous êtes concerné par la défaillance de votre constructeur dans la région d'Aix-en-Provence, contactez-nous pour sécuriser vos droits et obtenir les indemnisations auxquelles vous pouvez prétendre.